Une photo en noir et blanc, dessus figure une main géante dont on distingue clairement les lignes de vie et la paume douillette. Posé sur cette main, un homme entre deux âges, petit, de dos, les épaules lasses. Il porte un chapeau, et tient une vieille valise dans une main et un imper dans l’autre. Même sans distinguer son visage, on l’imagine : un peu gris, terne et triste …

L’art visuel a le pouvoir de provoquer une émotion instantanée qu’il n’est pas facile de traduire en mots. Une amie artiste plasticienne, Lena Fisher originaire de Riga, qui vit à présent à Jérusalem, utilise pour ses œuvres des objets ou personnages miniatures. C’est l’une d’entre elles que je viens de vous décrire.

Cette photo m’a beaucoup émue, car en un instant a surgi l’image emblématique du Juif errant avec sa valise à la main jeté sur les routes de l’exil, ou de sa liberté. Du départ volontaire d’Abraham lorsqu’il est sommé par Dieu d’aller vers lui avec un solennel « lekh lekha », jusqu’à un Stefan Zweig dans le dernier film « Adieu l’Europe ». C’est un motif que nous connaissons bien et qui résonne fortement avec ma propre histoire familiale.

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