Une étude intéressante est passée à peu près inaperçue cette semaine : le classement des pays où il fait bon vivre, sortie le 20 mars, à l’occasion de la journée internationale du bonheur. Et vous ne devinerez jamais : Israël est arrivé à la 4è place cette année, un saut de 5 places depuis l’an dernier, par comparaison la France n’arrive qu’à la 21è place…Qui l’eut cru, alors que le pays vit en guerre depuis 75 ans, se heurte à des défis colossaux à la fois pour intégrer de nouveaux olim de des quatre coins de la terre, et aussi à ce qu’on appelle ‘le vivre ensemble’ de toutes ces catégories de populations et religions.
Sans oublier que depuis près de 3 mois, le pays vit dans un grand balagan faisant suite à une mobilisation quotidienne contre la confiscation du système judiciaire en cours. Et de nombreux israéliens (ses cerveaux) songent sérieusement à quitter la ‘terre promise’ avant ce qu’ils prédisent comme le clap de fin de la démocratie israélienne.
Une autre caractéristique, pas très glorieuse de ce pays de cocagne est son record de responsables politiques, tous bords confondus, qui sont passés par la case procès et prison : c’est le cas de l’ancien président Katsav tombé en 2010 pour viol et obstruction à la justice, le premier ministre Ehud Olmert qui a été inculpé pour abus de confiance en 2012 et corruption en 2015. On n’oublie pas le ‘rav’Aryé Dehry ancien ministre de l’intérieur élu et réélu en dépit de ses mises en examens et condamnations, dont la dernière date de 2022. Ce qui n’a nullement empêché le premier ministre Benyamin Netanyahou de lui proposer un ministère de nouveau (la Cour Suprême l’en a empêché…). Benyamin Netanyahou lui-même mis en examen depuis 2018 pour corruption, fraude et abus de confiance, dans 4 différentes affaires.
A ce sombre tableau ne manquent que les derniers élus d’extrême droite qui occupent chacun un ministère et non des moindres : Itamar Ben Gvir chef du parti Otzma Yehoudit – la force juive (tout un programme), parti supporter jusqu’à ce jour, du terroriste Meir Kahane, exclu de la Knesset dans les années 1980. Ben Gvir qui a été nommé en fin d’année ministre de la Sécurité nationale. Et son acolyte Bezalel Smotrich, chef du parti sioniste religieux, ouvertement raciste et anti LGBT, nommé comme ministre des Finances.
Il n’est pas étonnant que de nombreux collègues israéliens et américains des mouvements moderne orthodoxe, massorti et libéral vivent cette actualité comme un cauchemar, comme l’avènement d’une ère sombre, très sombre pour le pays.
Comme un écho très lointain à ces fautes financières et morales commises au plus haut niveau de l’état et qui vont à l’encontre de toutes les valeurs du judaïsme et de l’humanité en général, nous parviennent les versets de la paracha du nouveau livre que nous commençons cette semaine : Vaykra. Au chapitre quatre, au milieu de toutes les règles et types de sacrifices à apporter au tabernacle, figurent 4 catégories de personnes ou groupes de personnes. Lorsque le Cohen ou le dirigeant politique transgresse, et lorsque la communauté (induite en erreur par le Beit Din), ou encore, un simple individu commet une faute appelée hatat et commise par inadvertance selon la Torah… que faut-il faire ?
Dans l’Antiquité on expiait ses fautes en apportant des offrandes, des sacrifices de bêtes plus ou moins grosses selon son niveau social et la gravité de la faute commise. Ces sacrifices avaient pour objectif de rétablir un fragile équilibre entre l’humain et le divin, de réparer et rapprocher les contrevenants de leur Créateur.
Depuis la destruction du deuxième Temple, et le remplacement des sacrifices par des prières, cette absolution des fautes se passe essentiellement à Kippour.
A Kippour, nous chantons une longue litanie, une prière qui s’appelle Al Het et qui énumère toutes les catégories de fautes :
Al het chéhatanou lefaneikha b’ones ou v’ratzon pour la faute que nous avons commise envers Toi sous la contrainte ou de plain gré, veal het chéhatanou lefaneikha bezadon ouvichgaga : volontairement ou involontairement…
Parmi elles figurent comme vous le voyez le Het bichgaga la faute par inadvertance commise envers autrui et envers Dieu pour lequel nous demandons à être pardonné.
Cette catégorie, a priori plus légère est probablement la plus difficile à cerner. Elle demande tout d’abord une minutieuse introspection et la capacité à s’auto-évaluer, à faire un examen de conscience et ensuite à faire acte de repentance.
Dans la paracha Vayikra, la Torah reconnait le fait qu’un dirigeant a une plus grande propension à fauter. Pour toutes les autres catégories, le texte utilise le mot introductif ‘im’ si, mais pour le dirigeant il utilise ‘Asher’ qu’on peut traduire par ‘quand,’ ou ‘lorsque’. Nos Sages ont tout de suite noté cette différence de vocabulaire et l’ont expliquée. Ainsi le rabbin Sforno[1] nous dit : « Lorsque le roi ou le chef politique faute, il n’y a pas de conditionnel Im– si, c’est-à-dire que la Torah considère qu’il est presqu’acquis que le chef politique se rendra coupable d’une transgression, au moins par inadvertance. » Tout cela n’est qu’une question de temps…On peut cependant douter du caractère involontaire de la faute, d’autant plus pour un dirigeant qui, comme tout citoyen, n’est pas censé ignorer la loi civile comme la loi morale.
Le rabbin Ben Zakkai, dans le traité Horayot utilise un jeu de mots remplaçant Asher par Ashréi : réjouis toi, voici la citation de Ben Zakkai :
« Heureuse [ashrei] est la génération dont le dirigeant ressent le besoin d’apporter une offrande pour sa transgression involontaire. Si le chef de la génération apporte une offrande, vous devez dire à plus forte raison ce qu’un homme du peuple fera pour expier sa faute, c’est-à-dire qu’il apportera certainement une offrande. Et si le dirigeant apporte une offrande pour sa transgression involontaire, vous devez dire à plus forte raison ce qu’il fera pour expier sa transgression intentionnelle, c’est-à-dire qu’il se repentira certainement. »
Car la majorité des dirigeants, non seulement commettent des fautes, mais de plus a tendance à la nier, par arrogance…Alors lorsqu’il ou elle la reconnaît: réjouis toi !
Prions pour que les dirigeants en Israël comme ici aient cette humilité de reconnaitre leurs erreurs, de se repentir et alors certainement, le peuple n’en sera que plus heureux. Et, si cela arrive en Israël, plus rien n’empêchera de briguer la première place du classement des pays où on est le plus heureux au monde !
Ken Yhié ratson,
Chabbat shalom !
[1] Sforno 1475-1550 Italie, commentaire sur Lév. 4 :22
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Sans oublier que depuis près de 3 mois, le pays vit dans un grand balagan faisant suite à une mobilisation quotidienne contre la confiscation du système judiciaire en cours. Et de nombreux israéliens (ses cerveaux) songent sérieusement à quitter la ‘terre promise’ avant ce qu’ils prédisent comme le clap de fin de la démocratie israélienne.
Une autre caractéristique, pas très glorieuse de ce pays de cocagne est son record de responsables politiques, tous bords confondus, qui sont passés par la case procès et prison : c’est le cas de l’ancien président Katsav tombé en 2010 pour viol et obstruction à la justice, le premier ministre Ehud Olmert qui a été inculpé pour abus de confiance en 2012 et corruption en 2015. On n’oublie pas le ‘rav’Aryé Dehry ancien ministre de l’intérieur élu et réélu en dépit de ses mises en examens et condamnations, dont la dernière date de 2022. Ce qui n’a nullement empêché le premier ministre Benyamin Netanyahou de lui proposer un ministère de nouveau (la Cour Suprême l’en a empêché…). Benyamin Netanyahou lui-même mis en examen depuis 2018 pour corruption, fraude et abus de confiance, dans 4 différentes affaires.
A ce sombre tableau ne manquent que les derniers élus d’extrême droite qui occupent chacun un ministère et non des moindres : Itamar Ben Gvir chef du parti Otzma Yehoudit – la force juive (tout un programme), parti supporter jusqu’à ce jour, du terroriste Meir Kahane, exclu de la Knesset dans les années 1980. Ben Gvir qui a été nommé en fin d’année ministre de la Sécurité nationale. Et son acolyte Bezalel Smotrich, chef du parti sioniste religieux, ouvertement raciste et anti LGBT, nommé comme ministre des Finances.
Il n’est pas étonnant que de nombreux collègues israéliens et américains des mouvements moderne orthodoxe, massorti et libéral vivent cette actualité comme un cauchemar, comme l’avènement d’une ère sombre, très sombre pour le pays.
Comme un écho très lointain à ces fautes financières et morales commises au plus haut niveau de l’état et qui vont à l’encontre de toutes les valeurs du judaïsme et de l’humanité en général, nous parviennent les versets de la paracha du nouveau livre que nous commençons cette semaine : Vaykra. Au chapitre quatre, au milieu de toutes les règles et types de sacrifices à apporter au tabernacle, figurent 4 catégories de personnes ou groupes de personnes. Lorsque le Cohen ou le dirigeant politique transgresse, et lorsque la communauté (induite en erreur par le Beit Din), ou encore, un simple individu commet une faute appelée hatat et commise par inadvertance selon la Torah… que faut-il faire ?
Dans l’Antiquité on expiait ses fautes en apportant des offrandes, des sacrifices de bêtes plus ou moins grosses selon son niveau social et la gravité de la faute commise. Ces sacrifices avaient pour objectif de rétablir un fragile équilibre entre l’humain et le divin, de réparer et rapprocher les contrevenants de leur Créateur.
Depuis la destruction du deuxième Temple, et le remplacement des sacrifices par des prières, cette absolution des fautes se passe essentiellement à Kippour.
A Kippour, nous chantons une longue litanie, une prière qui s’appelle Al Het et qui énumère toutes les catégories de fautes :
Al het chéhatanou lefaneikha b’ones ou v’ratzon pour la faute que nous avons commise envers Toi sous la contrainte ou de plain gré, veal het chéhatanou lefaneikha bezadon ouvichgaga : volontairement ou involontairement…
Parmi elles figurent comme vous le voyez le Het bichgaga la faute par inadvertance commise envers autrui et envers Dieu pour lequel nous demandons à être pardonné.
Cette catégorie, a priori plus légère est probablement la plus difficile à cerner. Elle demande tout d’abord une minutieuse introspection et la capacité à s’auto-évaluer, à faire un examen de conscience et ensuite à faire acte de repentance.
Dans la paracha Vayikra, la Torah reconnait le fait qu’un dirigeant a une plus grande propension à fauter. Pour toutes les autres catégories, le texte utilise le mot introductif ‘im’ si, mais pour le dirigeant il utilise ‘Asher’ qu’on peut traduire par ‘quand,’ ou ‘lorsque’. Nos Sages ont tout de suite noté cette différence de vocabulaire et l’ont expliquée. Ainsi le rabbin Sforno[1] nous dit : « Lorsque le roi ou le chef politique faute, il n’y a pas de conditionnel Im– si, c’est-à-dire que la Torah considère qu’il est presqu’acquis que le chef politique se rendra coupable d’une transgression, au moins par inadvertance. » Tout cela n’est qu’une question de temps…On peut cependant douter du caractère involontaire de la faute, d’autant plus pour un dirigeant qui, comme tout citoyen, n’est pas censé ignorer la loi civile comme la loi morale.
Le rabbin Ben Zakkai, dans le traité Horayot utilise un jeu de mots remplaçant Asher par Ashréi : réjouis toi, voici la citation de Ben Zakkai :
« Heureuse [ashrei] est la génération dont le dirigeant ressent le besoin d’apporter une offrande pour sa transgression involontaire. Si le chef de la génération apporte une offrande, vous devez dire à plus forte raison ce qu’un homme du peuple fera pour expier sa faute, c’est-à-dire qu’il apportera certainement une offrande. Et si le dirigeant apporte une offrande pour sa transgression involontaire, vous devez dire à plus forte raison ce qu’il fera pour expier sa transgression intentionnelle, c’est-à-dire qu’il se repentira certainement. »
Car la majorité des dirigeants, non seulement commettent des fautes, mais de plus a tendance à la nier, par arrogance…Alors lorsqu’il ou elle la reconnaît: réjouis toi !
Prions pour que les dirigeants en Israël comme ici aient cette humilité de reconnaitre leurs erreurs, de se repentir et alors certainement, le peuple n’en sera que plus heureux. Et, si cela arrive en Israël, plus rien n’empêchera de briguer la première place du classement des pays où on est le plus heureux au monde !
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