Alors que nous célébrons le 6e jour de Hanoucca, qui est une fête de résistance à un pouvoir qui opprime ses minorités, perçues comme une menace pour le pouvoir, prenons le temps de réfléchir au sens profond de cette fête.

Notre bénédiction d’allumage des bougies dit : Bayamim hahem et bazman haze…en ce temps là et en ce temps-ci, ce qui nous a inspiré à l’époque continue à nous inspirer à présent.

Nous avons choisi de mettre ce chabbat sous le signe de la déclaration Universelle des Droits Humains, rédigée il y a 70 ans presque jour pour jour, elle a été publiée le 10 décembre 1948.

La déclaration Universelle nait du refus de voir recommencer les atrocités de la 2e guerre mondiale. Même si elle n’est pas contraignante pour les peuples signataires, elle est symbolique et d’elle découlera également la Cour Européenne des Droits de L’homme

René Cassin en était l’un des rédacteurs, représentant la France au sein de cette prestigieuse et indispensable initiative.  Il faisait partie d’un comité composé de 8 personnes représentant la Chine, l’URSS, les Etats Unis, le Chili, la Grande Bretagne, la France, le Liban, l’Australie.

Mais qui est René Cassin ?

Né en 1887 à Bayonne au sein d’une famille juive sépharade, René Cassin était un juriste, un diplomate et un homme politique français. Professeur agrégé de droit privé, le 23 juin 1940, il s’engage aux côtés du Général de Gaulle pour la France Libre à Londres.

Il va se battre pour maintenir les écoles, dépendant de l’Alliance Israelite Universelle, ouvertes dans les pays du Maghreb, ce qui permettra à 50000 enfants de poursuivre leur scolarité normalement. Il sera président de l’AIU pendant 30 ans.

A la fin de la guerre, il découvre horrifié que 29 membres de sa famille ont été assassinés par les nazis. Il dédie sa vie ensuite à la création d’un système de droits humains universels.

Il devient Vice-Président du Conseil d’État de 1944 à 1960 puis membre du Conseil Constitutionnel de 1960 à 1971. René Cassin s’engage également en faveur de la défense et de la promotion des Droits de l’Homme. Il participe à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies et est l’un des rédacteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. A partir de 1959, il exerce les fonctions de juge à la Cour européenne des droits de l’homme et en deviendra le Président de 1965 à 1968.

Le 10 octobre 1968, René Cassin reçoit le Prix Nobel de la Paix. L’année suivante, il crée l’Institut International des Droits de l’Homme, association qu’il souhaite voir contribuer à la promotion et à la protection des droits de l’homme par l’enseignement et la recherche.

Il décède en 1976 à Paris à l’âge de 89 ans. Ses cendres seront déposées au Panthéon.

L’organisation qui porte le nom de René Cassin active en Angleterre[1], a été fondée par des militants des droits humains juifs. Elle est aujourd’hui encore très active et s’engage dans des actions de protection des droits des réfugiés et des minorités en général.

Les droits humains sont enracinés dans les valeurs du judaïsme, comme le disait René Cassin en 1974 :

« les droits de l’homme sont partie intégrante de la foi et de la tradition juives.  Un certain nombre de croyances de base nourrissent l’attachement du judaïsme aux droits de l’homme : la croyance que l’Homme est créé à l’image de Dieu, que la famille humaine est une, que chaque être humain doit se comporter de manière juste avec son prochain. »

Aujourd’hui nous constatons avec un certain désarroi le recul de certaines valeurs et droits humains dans plusieurs pays européens et aux Etats Unis, notamment les droits des réfugiés et des plus fragiles parmi nous. Nous devons d’autant plus être vigilants, et nous engager pour stopper ce recul. L’association René Cassin a récemment rencontré des représentants français pour tenter de lancer cette organisation en France, car il est assez cocasse qu’une association qui porte le nom d’un prix nobel français n’existe pas en France, n’est ce pas ?

Chabbat shalom!

 

[1] http://www.renecassin.org/