Pirke Avot 5:16 : "Tout amour qui dépend de son objet, si l’objet disparaît, l’amour disparaît, Mais s’il ne dépend d’aucun objet, il ne cessera jamais."
« Ki tetze la milhama al oyvekha » « quand tu partiras pour faire la guerre sur/contre tes ennemis». Ainsi commence la paracha de cette semaine.
Les versets qui suivent nous parlent de ce qu’il convient de faire lorsqu’un combattant prend une femme comme otage de guerre pour l’épouser. Cette histoire est connue sous le nom de Eshet Ifat Toar la femme de belle allure pour laquelle le soldat a un désir irrepressible (חשק).
« Si tu vois dans cette prise de guerre, une femme de belle figure qu’elle t’attire et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l’amèneras d’abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras la posséder et elle sera ton épouse ». (Deut. 21 :10-14)…C’est un curieux descriptif qui vous l’imaginez a suscité beaucoup de commentaires et de questions.
La paracha Ki Tetze, est aussi celle qui contient le plus grand nombre de commandements. Ceux, assez dérangeants, concernant la femme captive ne sont qu’une petite partie d’entre eux. Nous y reviendrons.
Il n’y a pas moins de 72 commandements positifs ou négatifs dans ki tetze.
Un midrash qui apparait dans Devarim Rabbah 6,3 compare les mitsvot à « un chapelet de grâce autour de la tête » (Proverbes 1 :9). Le midrash explique que pour chaque acte banal de la vie quotidienne le fait de le relier à un commandement positif comme l’obligation de construire un parapet sur le toit (Deut 22 :8) ou négatif comme l’interdiction de faire labourer un bœuf et un âne ensemble (Deut 22 :10 ) ont une raison d’être (au dela de leur aspect éthique evident dasn ces 2 cas). Celle d’accompagner chaque acte de notre vie d’actes pieux » nous dit le midrash ce qui «élève nos actes quotidiens au niveau du service divin ».
Mais comment nous relier à ces mitsvot lorsqu’elles sont dérangeantes et sont injustes ? En tant qu’êtres essentiellement rationnels, nous cherchons à trouver du sens et une logique dans leur contenu et la manière dont ces lois s’appliquent ou non aujourd’hui.
Lekol ish yesh shem
shenatan lo elohim
venatnu lo aviv ve’imo
Chacun a un nom, celui que Dieu lui a donné
et celui que lui ont donné son père et sa mère.
Ainsi commence un célèbre poème de Zelda poétesse contemporaine, israélienne d’origine polonaise, (cousine du rabbin Loubavitch Schneerson).
Ce poème est souvent associé à la mémoire de la Shoah, ce jour, où les communautés juives libérales ont institué la lecture publique des noms des déportés Juifs de France. Nous lisons à haute voix tous ces noms pour leur donner une mémoire et une sépulture, pour qu’ils ne soient pas morts en vain ; le shav de la racine ש ו א, celle du mot Shoah.
71 ans après la libération des camps, alors que le nombre de survivants diminue comme peau de chagrin et que la mémoire de la Shoah est malmenée ou instrumentalisée par certains, cette journée du souvenir est plus que jamais nécessaire. Commémorer le crime contre l’humanité qu’a été la Shoah , n’est pas nous complaire dans notre particularisme, au contraire, c’est faire œuvre de pédagogie, c’est un message universel.
Il y a quelques jours, Romane se faisait l’écho de ses amis un peu froum , observants qui lui demandaient si un rabbin libéral observe le shabbat ? Sous-entendu est ce qu’un rabbin libéral est un rabbin « comme les autres » ? Et s’il ne l’est pas, pourquoi ? Est-il/elle un ‘vrai’ rabbin « cacher » ?
En apparence, cette question semble porter sur le respect de la Loi, de la Halakha? Mais, de manière plus insidieuse, elle pose une question qui nous obsède un peu trop à savoir : qui est « vraiment » Juif ? ce qui nous préoccupe presque autant que les questions d’antisémitisme…
Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais ça m’agace particulièrement ces choses qu’on laisse aller dans la maison, ces objets qui doivent être réparés, voire changés et qu’on laisse pendant des semaines voire des mois, se détériorer sans rien faire. Un miroir un peu ébréché, une porte qui ne ferme plus, un papier peint qui se décolle du mur, une ampoule grillée : enfin vous voyez de quoi je veux parler ! Tant de signes de laisser aller, et du temps qui passe irrémédiablement… Dans ce cas, j’ai beau me raisonner ou me rappeler que notre tradition nous enjoint de toujours laisser un coin de sa maison inachevé, voire même volontairement abimé… rien n’y fait !
D’ailleurs, quelle est l’origine de cette tradition ? Selon certains, ce serait en souvenir de la destruction du temple, pour d’autres une façon de se rappeler plus généralement, que notre joie ne peut jamais être totale, en souvenir de la litanie des malheurs que notre peuple a vécu…(un peu comme le verre brisé lors du mariage)
Drôle de coutume qui se joue de ma névrose de perfection !
A l’opposé, les instructions très précises, données par Dieu à Moïse dans les péricopes précédents, pour construire le temple portatif ressemblent plutôt à de la maniaquerie !
Et en plus, pour s’assurer de la réalisation parfaite de l’ouvrage, l’Eternel choisit de nommer Bezalel, comme grand architecte, maître d’œuvre du tabernacle.
Pour ceux qui se seraient déjà assoupis, Non on ne parle pas de tabernakle fameux juron canadien contre l’église !
Bezalel donc l’architecte du tabernacle, dont le nome veut dire littéralement « à l’ombre de Dieu », a des dons artistiques exceptionnels. Il est le seul à pouvoir mener à bout le projet de cette construction extraordinaire, Capable de reproduire à la perfection les consignes reçues par l’intermédiaire de Moise.
Il est décrit comme inspiré par Dieu : doté du ruakh Elohim, synonyme de l’âme dans le sens émotionnel selon la Kabbale. Il concentre en lui, non seulement ces qualités d’âme mais aussi des qualités intellectuelles : il est doté à la fois de Tevuna : origine du mot bina, compréhension, discernement, de hokhma : de sagesse, ou d’intuition, et de daat : de connaissance. Et en plus, il est habile de ses mains. Il a un adjoint Oholiab pour l’aider dans son entreprise et des ouvriers tous dotés de cœur et de l’intelligence du cœur et auxquels Dieu a ajouté de la sagesse – ublev kol hakham lev natati hokhma. Il est peu probable que Bezalel et son équipe n’aient laissé ne serait-ce qu’un petit recoin du sanctuaire non parfaitement achevé…
Comme les deux facettes d’une même pièce, suit dans notre paracha le coté pile de la même histoire : la construction du veau d’or….
Le peuple est impatient, Moïse tarde à revenir. Ils veulent en urgence se fabriquer une image de Dieu palpable qui réside parmi eux, ou plutôt une image de chef, un substitut de Moïse qui leur a fait tant de promesses et à présent leur fait faux bond ! … Les hommes otent (voire arrachent) les bijoux à leurs femmes et avec l’accord voire l’encouragement d’Aharon, ils fabriquent une image fondue (une massekha : un masque comme à Purim). Cela donne lieu à une sorte de débauche désordonnée qui apaise leurs angoisses !
A priori, un même zèle religieux est à l’origine de la fabrication du temple portatif et du veau d’or. Une même volonté de servir Dieu et de créer un lieu de rendez-vous pour qu’Il puisse résider parmi son peuple.
Eugène Borowitz, un des plus éminents théologiens et professeurs du HUC, qui nous a quittés fin janvier, zikhrono livrakha décrit dans un de ses livres, les vertus morales du judaïsme. Un chapitre entier est consacré au zèle, qui se dit zerizout en hébreu. Un homme zélé : un zariz (traduit de manière erroné par empressé) est celui non pas qui se précipite à agir mais au contraire, prend le temps pour s’occuper de manière utile, pour bien faire les choses ! Il agit à la fois avec son cœur et son esprit.
Ces 2 récits, la construction du tabernacle et la fabrication du veau d’or, sont comme en dialogue l’un avec l’autre. Ils nous enseignent qu’il y a deux formes de zèle/zerizut : le bon et le moins bon. Ou plutôt deux émotions à l’origine du zèle qui peuvent aboutir à leur exact opposé. Et la frontière entre les deux est, comme souvent, étroite…
Dieu parle des hébreux qui ont fabriqué le veau d’or ainsi « sarou maher min haderekh asher zivitam » (Shemot 32 :8) « ils se sont empressés de se détourner de la voie que je leur avais commandé de suivre ». Ils se sont montrés impatients, se sont affairés de manière désordonnée pour obtenir une satisfaction immédiate !
Et Dieu, très en colère, invective à quatre reprises ce peuple qui l’a trahi en le traitant de : «am kshe oref » « peuple à la nuque roide ». Comme un parent qui rejette la faute sur l’autre parent, il dit à Moïse « ton peuple a détruit». Et depuis comme des enfants, nous sommes marqués du sceau de cette parole (un peu maladroite) du père. Nous avons du mal à nous défaire de cette appellation qui nous colle à la peau.
Dès que nous levons la tête et que nous semblons un peu trop surs de nous, voilà que cette image de la nuque raide revient. Cela figure en filigrane dans le discours célèbre du Général De Gaulle en novembre 1967 quelques mois après la guerre des 6 jours merci google de m’avoir aidée à retrouver la phrase complète: « les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : l’an prochain à Jérusalem »[1]. Ce discours d’il y a près de 50 ans, a profondément blessé les Juifs de France et a marqué le début de la dégradation des relations, jusqu’alors quasi idylliques, entre la France et Israël.
A l’époque alors qu’Israël était menacé de toutes parts, ce discours était assez maladroit.
Aujourd’hui le son de cloche, venu du laboratoire de recherche qu’est Israël, est un peu différent : cette invective (prophétique ?) n’est pas totalement dénouée de vérité. Côté face : les nouvelles du progrès technologique et scientifique éblouissants à mettre au crédit d’Israël, démontrent comment l’intelligence et l’inspiration peuvent être mises au service d’un bien-être supérieur, celui de l’humanité. Côté pile : certaines décisions politiques étriquées prises à l’emporte-pièce, ne font que confirmer la fameuse attaque de am kshé oref peuple à la nuque roide.
C’est un travail d’équilibriste de ne pas se basculer du côté où nos talents sont utilisés à mauvais escient, gonflés d’ambition, d’ego et d’arrogance.
Construire notre sanctuaire intérieur est un travail quotidien, car au fond nous sommes des êtres perfectibles qui voulons en général faire le bien et réparer ce monde. La zerizut prisée par les rabbins consiste à s’occuper utilement leshem shamaïm au nom du divin qui nous dépasse. C’est cela se rapprocher de l’idéal biblique incarné par Bezalel, être à l’ombre de Dieu et agir à l’image de Dieu, Betzelem Elohim .
Est-ce que vous avez déjà entendu parler de Pulsa dinura ? ce n’est pas de l’italien mais de l’araméen…Pour ma part j’ai découvert ce terme et le rituel qui va avec dans le dernier film d’Amos Gitaï qui relate l’assassinat d’Ytzhak Rabin,
le PULSA DINURA est évoqué notamment dans le traité Hagiga 15a à propos d’Elisha Ben Abuya appelé aussi Akher qui est pour les rabbins du talmud, la figure type de l’hérétique …il est par conséquent puni par 60 coups d’anneaux chauffés et attachés à un fouet (littéralement ce que veut dire pulsa dinura). Cela fait partie du herem – l’excommunication.
Mais certains groupes ultra-orthodoxes adeptes du kabbalisme l’ont totalement dévoyé et ont transformé la punition en malédiction. Le rituel est assez complexe, cela se rapproche de la magie noire; une suite d’invocations prononcées par 10 rabbins (moralement irréprochables sic) à minuit au son du shoffar, à la lumière de bougies noires, contre « une cible » censée mourir dans l’année. Mais pour dissuader les plus fanatiques, l’invocation peut avoir un effet boomerang et se retourner contre les rabbins qui l’ont invoquée Si ils se trompent « de cible »,!
Le Pulsa Dinura aurait été pratiqué à 3 ou 4 reprises dans l’histoire : contre Trotski et plus récemment contre Yitzhak Rabin et Ariel Sharon…dont on connait l’issue fatale.
Comment des personnes qui se disent religieuses et respectueuses de la parole de Dieu peuvent se prêter à de telles cérémonies qui incitent au meurtre ? Comment en est-on arriver à mélanger religion et politique, jusqu’à conduire à l’assassinat d’un premier ministre qui a changé le cours de l’histoire ?
L’onde de choc a été terrible et les plus optimistes se sont pris à rêver qu’on avait atteint le fond et qu’Israël ne pouvait qu’en tirer les conséquences, cela signait la fin de ces dangereux extrémistes…Mais 20 ans après quelles leçons a-t-on tiré de ce crime abominable ? Quelles mesures ont été prises contre ces dangereux énergumènes qui pervertissent le judaïsme ? Y a-t-il eu un vrai débat dans le pays à ce sujet ? Malheureusement, le religieux et le politique n’ont fait que s’emmêler davantage dans une pelote qui semble aujourd’hui inextricable et incontrôlable, on a même assisté depuis à une escalade de la violence et ponctuellement à d’autres actes criminels (contre des palestiniens, des chrétiens)
Vous vous demandez pourquoi pointer du doigt ces cas isolés perpétrés en Israël alors que les crimes islamistes se comptent par milliers et nous menacent bien davantage ? Malheureusement les crimes perpétrés « chez nous » ou « chez eux » ont pour origine un même fanatisme, un même désir d’être sous le feu des projecteurs ne serait-ce qu’une minute, donner un simulacre de sens à une vie qui n’en a aucun….
Oui ils sont moins fréquents parmi nos coreligionnaires– mais leur existence même doit nous alerter !
Nous vivons une époque où des tabous sont tombés, Comment peut-on invoquer Dieu pour maudire et détruire ? Quel esprit perverti peut imaginer que c’est cela ce que Dieu attend de nous ?
Nous avons le choix alors de nous tourner plutôt vers les paroles qui ont permis de conserver la Création : les 10 commandements. Nous lirons demain matin ces 14 versets qui apparaissent une première fois dans la paracha Yitro, nous les lirons à nouveau à Shavuot puis dans le Deutéronome paracha Ethanan. Pour certains rabbins ces 10 paroles étaient la quintessence de la Torah, d’autres ont pensé que c’était une hérésie de créer ainsi une hiérarchie entre les commandements. Ce n’est pas étranger à la crainte d’être absorbé par le christianisme qui avait fait du décalogue un élement central de sa foi et de sa liturgie (à l’exception du commandement sur le Shabbat).
Les dix commandements sont la base éthique (notion qui selon Paul Ricoeur renvoie à la visée d’une vie accomplie) et morale (code de conduite) adopté par les 3 monothéismes est un socle pour vivre en société, le minimum vital pour qu’un groupe humain puisse perdurer.
Selon le commentateur médiéval Abraham Ibn Ezra tous nos commandements peuvent être classés en 3 catégories: les commandements du cœur, de la parole et des actes. Les 10 commandements n’échappent pas à cette règle, ils ont de plus une organisation symétrique (chiasme). Les 5 premiers nous parlent de notre relation à Dieu : et sont des commandements du cœur. Les 5 derniers sont des actes interdits.
Je vous propose de mettre en lumière l’un d’entre eux, le 6è: lo tirtzakh : tu ne tueras pas. Cela semble clair, il ne peut y avoir de doute, de « oui mais », pas de condition à ces 2 termes. Mais le questionnement existe pour les Juifs, les chrétiens et les musulmans ! est que la racine resh tzadik khet se réfère au meurtre uniquement ou à toute manière d’oter la vie ? est ce que par conséquent la peine capitale doit être prohibée ? L’avortement ? La version musulmane de cet interdit est même formulée de manière conditionnelle : « Nous avons commandé aux enfants d’Israël que quiconque tue une personne – à moins qu’elle n’ait commis un meurtre ou semé la corruption dans le pays – c’est comme s’il avait tué tous les hommes .» (Sourate 5:v32)…
Mais pourquoi cet interdit de tuer ? Quelles sont les conséquences selon la Bible ? MA Ouaknin nous dit dans son livre sur les 10 cdts : que cela veut dire « nier que l’autre a un visage, son unicité, la précieuse individualité qui fait que Dieu s’est révélé de manière particulière en chacun de nous. Or en hébreu c’est la racine shav (shin vav aleph) qui désigne l’indistinction entre les êtres. le terme shoah est issu de cette même racine shav: car la Shoah a tenté de créer une uniformité morbide, ce qui est aussi le but du fascisme religieux! C’est cela la leçon de la Shoah, alors que nous commémorons ce dimanche la libération d’Auschwitz pour la 71 fois, l’actualité nous rappelle qu’il faut plus que jamais méditer sur ce legs la ! Car qu’est ce que la Shoah sinon le résultat de mots et de discours de haine envers l’autre?
Et si nous-mêmes, qui en avons été victimes, ne l’avons pas intégré, comment attendre qu’il en soit autrement de l’autre ?
Nachman de Brastlav, le fondateur du mouvement hassidique Braslav (à la fin du 18e siècle) nous a transmis ces mots qui font partie de notre liturgie : « kol haolam koulo gesher tzar meod, vehaykar lo lefahed klal » « le monde entier est un pont très étroit et l’essentiel est de ne jamais avoir peur ». Oui la voie est très étroite. Quel antidote avons-nous à cela ?
Le discernement et le courage sont plus que jamais nécessaires. A cette haine et cette violence nous devons opposer l’amour de Dieu et de son prochain, une vie faite de liens et tournée vers l’autre sans contrepartie, le pire qui peut nous arriver c’est d’en éprouver de la joie !
Etre conscient de la fragilité et des besoins de l’autre dans notre tradition cela s’appelle le hessed. Ce terme complexe est décrit ainsi par le théologien américain Michael Fishbane : agir en ayant Dieu dans notre esprit et dans notre cœur et être à son image c’est tendre la main, soutenir, être une béquille pour celui qui chancelle, faire preuve de gentillesse et de générosité. Le hessed est un travail sacré de rédemption.
« Vayhi kol haaretz safa ahat udvarim ahadim » – et toute la terre était une même langue et des paroles uniques ». ainsi commence l’histoire de la Tour de Babel dans Bereshit 11 :1
C’est en lisant ce verset à voix haute qu’on peut se rendre compte de sa beauté . Un monde idéal est devant nous, à portée de regard avec ces 7 mots. Un monde où tout le monde partage un même langage et de ce fait est capable de se comprendre l’un l’autre.
Nos 5 sens sont en éveil lorsque nous les 9 versets qui composent cette célèbre histoire. On peut voir les efforts du peuple en train de réaliser leur tâche presque sacrée. Nous pouvons également avoir à l’esprit le fameux tableau de Breugel l’ancien avec cette tour dont il manque le sommet, qui ressemble un peu au Colisée. Nous pouvons entendre le bruit des ouvriers qui assemblent les briques, imaginer leur texture, et écouter leurs conversations dans une langue commune. Et lorsque nous lisons ou cantilons les versets de la Torah, apprécier leur mélodie.
La démocratie a parlé, mardi 17 mars Bibi a été réélu pour un 4e mandat (dont le 3e consécutif) à la tête de l’état hébreu.
Même si tous les courants sont représentés au sein des synagogues libérales, nous accordons une importance particulière aux valeurs universelles : les droits de l’homme, la justice sociale, le respect et le vivre ensemble et la paix. Il est évident que certaines de ces valeurs sont davantage défendues par un camp que par l’autre.
En 2015, pour la première fois dans son histoire, Israël rassemble plus de la moitié de la population juive mondiale avec 7M d’habitants. Alors que 6M environ vivent en diaspora. Autre fait historique, nous avons le choix : celui de nous installer ici ou là-bas, de continuer à répéter « l’an prochain à Jérusalem » ou de le vivre. Mais quel que soit notre choix, nous nous sentons interconnectes avec ce qui se passe la bas. L’état d’Israël est confronté à des problèmes de justice sociale de corruption au plus haut niveau de l’état et bien sûr de guerre. Diriger ce pays n’est pas une sinécure et durant la campagne des avis divergents, voire opposés se sont fait entendre afin de proposer des remèdes. Mais parfois les mots prononces dépassent la divergence d’opinion, les attitudes dépassent la conviction dans ses idées. L’arrogance, une forme de toute puissance ne sont pas des attitudes attendues de la part du dirigeant d’un pays qui dépend encore du soutien de ses alliés. Et surtout le racisme n’est pas une simple opinion. Apres avoir attendu plusieurs millénaires pour pouvoir restaurer un état sur cette terre et l’avoir vécu comme une bénédiction, il ne faudrait pas que cela se transforme en malédiction…ce que certains signes nous font malheureusement présager.
Paracha Ki Tetze
de Daniela Touati
On 16 septembre 2016
dans Commentaires de la semaine
« Ki tetze la milhama al oyvekha » « quand tu partiras pour faire la guerre sur/contre tes ennemis». Ainsi commence la paracha de cette semaine.
Les versets qui suivent nous parlent de ce qu’il convient de faire lorsqu’un combattant prend une femme comme otage de guerre pour l’épouser. Cette histoire est connue sous le nom de Eshet Ifat Toar la femme de belle allure pour laquelle le soldat a un désir irrepressible (חשק).
« Si tu vois dans cette prise de guerre, une femme de belle figure qu’elle t’attire et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l’amèneras d’abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras la posséder et elle sera ton épouse ». (Deut. 21 :10-14)…C’est un curieux descriptif qui vous l’imaginez a suscité beaucoup de commentaires et de questions.
La paracha Ki Tetze, est aussi celle qui contient le plus grand nombre de commandements. Ceux, assez dérangeants, concernant la femme captive ne sont qu’une petite partie d’entre eux. Nous y reviendrons.
Il n’y a pas moins de 72 commandements positifs ou négatifs dans ki tetze.
Un midrash qui apparait dans Devarim Rabbah 6,3 compare les mitsvot à « un chapelet de grâce autour de la tête » (Proverbes 1 :9). Le midrash explique que pour chaque acte banal de la vie quotidienne le fait de le relier à un commandement positif comme l’obligation de construire un parapet sur le toit (Deut 22 :8) ou négatif comme l’interdiction de faire labourer un bœuf et un âne ensemble (Deut 22 :10 ) ont une raison d’être (au dela de leur aspect éthique evident dasn ces 2 cas). Celle d’accompagner chaque acte de notre vie d’actes pieux » nous dit le midrash ce qui «élève nos actes quotidiens au niveau du service divin ».
Mais comment nous relier à ces mitsvot lorsqu’elles sont dérangeantes et sont injustes ? En tant qu’êtres essentiellement rationnels, nous cherchons à trouver du sens et une logique dans leur contenu et la manière dont ces lois s’appliquent ou non aujourd’hui.
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