Rabbin Daniela Touati

Pirke Avot 5:16 : "Tout amour qui dépend de son objet, si l’objet disparaît, l’amour disparaît, Mais s’il ne dépend d’aucun objet, il ne cessera jamais."

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Un groupe de femmes dès la rentrée 2018!

groupe Roch Hodech Keren Or

Vous vous posez beaucoup de questions sur votre place en tant que femme dans la tradition juive ou tout simplement à la synagogue ? Pour trouver des réponses, nous vous proposons de rejoindre ce nouveau groupe de Rosh Hodesh.

Au cours de réunions mensuelles, nous aborderons ensemble des thèmes comme le leadership ou la sagesse féminine, l’alimentation, la sexualité et beaucoup d’autres en interrogeant les textes anciens et modernes de notre tradition.

La fête de la nouvelle lune[1]  ou Roch Hodech est une fête de la femme qui a été remise au goût du jour par les groupes féministes juifs partout dans le monde.

Un moment de rituel convivial, que nous élaborerons ensemble, précédera et clôturera nos rencontres.

Première session : mardi 9 octobre de 19h30 à 21h.

Dates suivantes : 9 octobre, 13 novembre, 11 décembre, 8 janvier, 5 février, 12 Mars, 16 avril, 7 mai.

Membres Keren Or : gratuit.

Non-membres : 80€ pour 8 sessions, possibilité de régler à la séance (12€).

Pour tout renseignement et inscriptiton, merci de contacter Daniela Touati daniela.touati@gmail.com

[1] Nombres 10 :10

Qui suis-je?

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Naître en Roumanie au milieu des années 1960 et avoir pour parents des survivants de la Shoah a été un tableau de départ parfois lourd à porter.

On ne choisit pas son lieu ni les circonstances de sa naissance.

Alors que j’étais encore enfant, mes parents ont choisi de faire leur Alya (montée en Israël) cette période m’a positivement marquée même si elle a été de courte durée.

C’est en France que ma famille a choisi de prendre racine. Arrivée à l’âge de 11 ans, j’ai étudié et travaillé dans le secteur du Commerce puis des Ressources Humaines, je me suis mariée avec un homme d’origine sépharade, pour mettre de la couleur et de la saveur à ce tableau. Nous avons eu deux enfants qui, devenus adultes, nous donnent beaucoup de joie.

En parallèle, j’ai découvert le judaïsme, ou plutôt une de ses branches, vieille de plus de 200 ans, qui m’a séduite, celle du libéralisme, terme qui a mauvaise presse en France…et pourtant. Qu’entend-on par Judaïsme libéral ? Ce n’est pas un gros mot, ni une voie de facilité, c’est au contraire une exigence : celle de concilier tradition et modernité et surtout celle qui met l’humanisme au centre : la femme et l’homme, quels que soient ses origines, son histoire, son orientation sexuelle, son degré de connaissance, de pratique et d’identification au judaïsme.

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Drash Yom Kippour 5778

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Le tohu bohu du monde m’a sauté à la figure en visionnant le film
« Djam » De Toni Gatlif. Ses images nous plongent dans ce qui
ressemble de loin à une montagne de déchets multicolores, en y
regardant de plus près, il s’agit de milliers de gilets de sauvetage
abandonnés. Ils jonchent le sol comme les vies sacrifiées de tous ces
hommes, femmes et enfants, venus se réfugier sur une île autrefois
paradisiaque. Depuis 2013, les migrants échouent sur une ile fantôme,
Lesbos, elle-même victime de l’abîme de la crise grecque.

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paracha Ki Tavo 

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Cet été je suis retournée à Haïfa à la recherche de ma « madeleine de Proust » ou plutôt des « borekas de Haïfa ». Mon but en retournant à l’endroit où j’avais vécu pendant près de quatre ans était officiellement l’étude de l’hébreu et du talmud mais officieusement je souhaitais renouer avec ma toute petite famille si éloignée.

J’ai vécu trois semaines avec les cousins germains de mon père, et me suis familiarisée avec leurs habitudes et leur emploi du temps. A 80 ans passés ils se demandaient ce qui resterait d’eux après leur départ de ce monde, ce qu’ils avaient réussi à transmettre à leurs 2 filles et 7 petits enfants. Ma tante tenait un journal des événements les plus marquants de sa vie, ceux que personne n’avait osé lui demander de raconter, en espérant qu’à un moment cela intéressera quelqu’un dans la famille… j’étais la première à écouter ses mémoires, chaque moment passé ensemble était imprégné de nostalgie.

Elle était très inquiète de ce qu’allait advenir de sa bibliothèque. On peut y trouver au moins un millier de livres en 5 langues différentes : roumain, français, anglais, allemand et hébreu,.

Il n’est pas facile d’abandonner ce qu’on considère comme un riche patrimoine culturel.

La question de la transmission à la génération suivante et du lâcher-prise m’a taraudée tout l’été. Cette dualité dans laquelle sont enfermés les deux générations : ceux qui “donnent” sont inquiets que ce pourquoi ils ont vécu ne leur survivra pas et ne sera pas utile aux générations futures. Ceux qui « reçoivent” se sentent coupables car incapables de prendre soin de ce patrimoine.

Cette bibliothèque comprenait essentiellement des romans ou livres politiques, parfois démodés, alors que d’autres livres classiques peuvent être stockés plus facilement en ligne.

La transmission des livres est un sujet délicat, la jeune génération peut avoir l’impression étrange de piétiner le patrimoine spirituel de leurs ainés. Les Juifs et les livres chacun le sait, c’est une véritable histoire d’amour. Nous honorons les livres comme nous honorons nos ainés. Mais plus de 2000 ans de tradition ont donné lieu à une immense quantité de livres. La manière dont nous nous comportons avec les livres est une métaphore de la manière dont nous nous comportons avec la tradition.

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Paracha Bamidbar

Il y a quelques jours à la bibliothèque du Leo baeck je suis tombée sur un document assez rare, l’almanach de Haaretz de l’année 1949/1950 . On pouvait y trouver des articles très intéressants sur les affaires étrangères et intérieuresd u tout jeune état,  des poèmes magnifiques, des publicités modernes qui nous semblent tellement vintage auj., mais aussi de nombreuses statistiques. Israël n’avait qu’un an d’existence, mais la population s’élevait déjà à 553 985 juifs (les arabes n’étaiens pas mentionnés ! ) et ces statistiques avaient commencé dès 1919.

En 1947 41% des olim viennent de Russie et de Pologne comme les années précédentes d’ailleurs mais en 1948 la tendance change et exactement la même proportion- 41% – arrivent des Balkans (la plupart de Roumanie ) et le groupe de Russes et polonais ne représenté plus que 36%.

En cette période d’après-guerre, alors que 2/3 des Juifs d’Europe avaient été décimés par la Shoah, il était essentiel pour les nouveaux israéliens que la population croisse rapidement pour atteindre un nombre significatif de Juifs vivant à l’intérieur de leur nouvel état. Ceci pour confirmer s’il le fallait encore, que les Juifs avaient besoin de leur propre état.

Recenser des données sur la population juive est un éternel sujet de préoccupation que nous mettons souvent à l‘avant de nos préoccupations. La plupart du temps, on se compte pour se distraire de son anxiété, parfois c’est aussi une source de satisfaction et de joie.  Nous comptons combien de juifs vivent en France, combien à Lyon et sa région, combien appartiennent à la synagogue libérale ici ou ailleurs, et quelle part nous représentons dans le judaïsme global.

Le livre Bamidbar – dans le Désert, que nous commençons à lire ce Shabbat parle beaucoup de chiffres, d’où la traduction de son nom en français et en d’autres langues par le mot Nombres etc.. Selon l’anthropologue Mary Douglas dans son livre « l’héritage des fils de Jacob » le but est de nous transmettre la “doctrine de l’unité des enfants d’Israël” et « de nous alerter sur le risque de sécession”. Il apparait que depuis l’époque biblique jusqu’à nos jours, c’est le plus grand danger qui menace Israël (en tant que peuple et en tant qu’état à présent). C’est la raison pour laquelle tant de passages sont dédiés au dénombrement des enfants d’Israël.

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Drash Yom Kippour 5777

Une photo en noir et blanc, dessus figure une main géante dont on distingue clairement les lignes de vie et la paume douillette. Posé sur cette main, un homme entre deux âges, petit, de dos, les épaules lasses. Il porte un chapeau, et tient une vieille valise dans une main et un imper dans l’autre. Même sans distinguer son visage, on l’imagine : un peu gris, terne et triste …

L’art visuel a le pouvoir de provoquer une émotion instantanée qu’il n’est pas facile de traduire en mots. Une amie artiste plasticienne, Lena Fisher originaire de Riga, qui vit à présent à Jérusalem, utilise pour ses œuvres des objets ou personnages miniatures. C’est l’une d’entre elles que je viens de vous décrire.

Cette photo m’a beaucoup émue, car en un instant a surgi l’image emblématique du Juif errant avec sa valise à la main jeté sur les routes de l’exil, ou de sa liberté. Du départ volontaire d’Abraham lorsqu’il est sommé par Dieu d’aller vers lui avec un solennel « lekh lekha », jusqu’à un Stefan Zweig dans le dernier film « Adieu l’Europe ». C’est un motif que nous connaissons bien et qui résonne fortement avec ma propre histoire familiale.

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Paracha Ki Tetze

« Ki tetze la milhama al oyvekha » « quand tu partiras pour faire la guerre sur/contre tes ennemis». Ainsi commence la paracha de cette semaine.

Les versets qui suivent nous parlent de ce qu’il convient de faire lorsqu’un combattant prend une femme comme otage de  guerre pour l’épouser.  Cette histoire est connue sous le nom de Eshet Ifat Toar la femme de belle allure pour laquelle le soldat a un désir irrepressible (חשק).

« Si tu vois dans cette prise de guerre, une femme de belle figure qu’elle t’attire et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l’amèneras d’abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras la posséder et elle sera ton épouse ». (Deut. 21 :10-14)…C’est un curieux descriptif qui vous l’imaginez a suscité beaucoup de commentaires et de questions.

La paracha Ki Tetze, est aussi celle qui contient le plus grand nombre de commandements. Ceux, assez dérangeants, concernant la femme captive ne sont qu’une petite partie d’entre eux. Nous y reviendrons.

Il n’y a pas moins de 72 commandements positifs ou négatifs dans ki tetze.

Un midrash qui apparait dans Devarim Rabbah 6,3 compare les mitsvot à « un chapelet de grâce autour de la tête » (Proverbes 1 :9). Le midrash explique que pour chaque acte banal de la vie quotidienne le fait de le relier à un commandement positif comme l’obligation de construire un parapet sur le toit (Deut 22 :8) ou négatif comme l’interdiction de faire labourer un bœuf et un âne ensemble (Deut 22 :10 ) ont une raison d’être (au dela de leur aspect éthique evident dasn ces 2 cas). Celle d’accompagner chaque acte de notre vie d’actes pieux » nous dit le midrash ce qui «élève nos actes quotidiens au niveau du service divin ».

Mais comment nous relier à ces mitsvot lorsqu’elles sont dérangeantes et sont injustes ? En tant qu’êtres essentiellement rationnels, nous cherchons à trouver du sens et une logique dans leur contenu et la manière dont ces lois s’appliquent ou non aujourd’hui.

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Paracha Emor

Lekol ish yesh shem
shenatan lo elohim
venatnu lo aviv ve’imo

Chacun a un nom, celui que Dieu lui a donné

et celui que lui ont donné son père et sa mère.

Ainsi commence un célèbre poème de Zelda poétesse contemporaine, israélienne d’origine polonaise, (cousine du rabbin Loubavitch Schneerson).

Ce poème est souvent associé à la mémoire de la Shoah, ce jour, où les communautés juives libérales ont institué la lecture publique des noms des déportés Juifs de France. Nous lisons à haute voix tous ces noms pour leur donner une mémoire et une sépulture, pour qu’ils ne soient pas morts en vain ; le shav de la racine ש ו א , celle du mot Shoah.

71 ans après la libération des camps, alors que le nombre de survivants diminue comme peau de chagrin et que la mémoire de la Shoah est malmenée ou instrumentalisée par certains, cette journée du souvenir est plus que jamais nécessaire. Commémorer le crime contre l’humanité qu’a été la Shoah , n’est pas nous complaire dans notre particularisme, au contraire, c’est faire œuvre de pédagogie, c’est un message universel.

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Paracha Shemini

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Il y a quelques jours, Romane se faisait l’écho de ses amis un peu froum , observants qui lui demandaient si un rabbin libéral observe le shabbat ? Sous-entendu est ce qu’un rabbin libéral est un rabbin « comme les autres » ? Et s’il ne l’est pas, pourquoi ? Est-il/elle un ‘vrai’ rabbin « cacher » ?

En apparence, cette question semble porter sur le respect de la Loi, de la Halakha? Mais, de manière plus insidieuse, elle pose une question qui nous obsède un peu trop à savoir : qui est « vraiment » Juif ? ce qui nous préoccupe presque autant que les questions d’antisémitisme…

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Paracha Ki Tavo

Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais ça m’agace particulièrement ces choses qu’on laisse aller dans la maison, ces objets qui doivent être réparés, voire changés et qu’on laisse pendant des semaines voire des mois, se détériorer sans rien faire. Un miroir un peu ébréché, une porte qui ne ferme plus, un papier peint qui se décolle du mur, une ampoule grillée : enfin vous voyez de quoi je veux parler ! Tant de signes de laisser aller, et du temps qui passe irrémédiablement… Dans ce cas, j’ai beau me raisonner ou me rappeler que notre tradition nous enjoint de toujours laisser un coin de sa maison inachevé, voire même volontairement abimé… rien n’y fait !

D’ailleurs, quelle est l’origine de cette tradition ? Selon certains, ce serait en souvenir de la destruction du temple, pour d’autres une façon de se rappeler plus généralement, que notre joie ne peut jamais être totale, en souvenir de la litanie des malheurs que notre peuple a vécu…(un peu comme le verre brisé lors du mariage)

Drôle de coutume qui se joue de ma névrose de perfection !

A l’opposé, les instructions très précises, données par Dieu à Moïse dans les péricopes précédents, pour construire le temple portatif ressemblent plutôt à de la maniaquerie !

Et en plus, pour s’assurer de la réalisation parfaite de l’ouvrage, l’Eternel choisit de nommer Bezalel, comme grand architecte, maître d’œuvre du tabernacle.

Pour ceux qui se seraient déjà assoupis, Non on ne parle pas de tabernakle fameux juron canadien contre l’église !

Bezalel donc l’architecte du tabernacle, dont le nome veut dire littéralement « à l’ombre de Dieu », a des dons artistiques exceptionnels. Il est le seul à pouvoir mener à bout le projet de cette construction extraordinaire, Capable de reproduire à la perfection les consignes reçues par l’intermédiaire de Moise.

Il est décrit comme inspiré par Dieu : doté du ruakh Elohim, synonyme de l’âme dans le sens émotionnel selon la Kabbale. Il concentre en lui, non seulement ces qualités d’âme mais aussi des qualités intellectuelles : il est doté à la fois de Tevuna : origine du mot bina, compréhension, discernement, de hokhma : de sagesse, ou d’intuition, et de daat : de connaissance. Et en plus, il est habile de ses mains. Il a un adjoint Oholiab pour l’aider dans son entreprise et des ouvriers tous dotés de cœur et de l’intelligence du cœur et auxquels Dieu a ajouté de la sagesse – ublev kol hakham lev natati hokhma. Il est peu probable que Bezalel et son équipe n’aient laissé ne serait-ce qu’un petit recoin du sanctuaire non parfaitement achevé…

Comme les deux facettes d’une même pièce, suit dans notre paracha le coté pile de la même histoire : la construction du veau d’or….

Le peuple est impatient, Moïse tarde à revenir. Ils veulent en urgence se fabriquer une image de Dieu palpable qui réside parmi eux, ou plutôt une image de chef, un substitut de Moïse qui leur a fait tant de promesses et à présent leur fait faux bond ! … Les hommes otent (voire arrachent) les bijoux à leurs femmes et avec l’accord voire l’encouragement d’Aharon, ils fabriquent une image fondue (une massekha : un masque comme à Purim). Cela donne lieu à une sorte de débauche désordonnée qui apaise leurs angoisses !

A priori, un même zèle religieux est à l’origine de la fabrication du temple portatif et du veau d’or. Une même volonté de servir Dieu et de créer un lieu de rendez-vous pour qu’Il puisse résider parmi son peuple.

Eugène Borowitz, un des plus éminents théologiens et professeurs du HUC, qui nous a quittés fin janvier, zikhrono livrakha décrit  dans un de ses livres, les vertus morales du judaïsme. Un chapitre entier est consacré au zèle, qui se dit zerizout en hébreu. Un homme zélé : un zariz (traduit de manière erroné par empressé) est celui non pas qui se précipite à agir mais au contraire, prend le temps pour s’occuper de manière utile, pour bien faire les choses ! Il agit à la fois avec son cœur et son esprit.

Ces 2 récits, la construction du tabernacle et la fabrication du veau d’or, sont comme en dialogue l’un avec l’autre. Ils nous enseignent qu’il y a deux formes de zèle/zerizut : le bon et le moins bon. Ou plutôt deux émotions à l’origine du zèle qui peuvent aboutir à leur exact opposé. Et la frontière entre les deux est, comme souvent, étroite…

Dieu parle des hébreux qui ont fabriqué le veau d’or ainsi « sarou maher min haderekh asher zivitam » (Shemot 32 :8) « ils se sont empressés de se détourner de la voie que je leur avais commandé de suivre ». Ils se sont montrés impatients, se sont affairés de manière désordonnée pour obtenir une satisfaction immédiate !

Et Dieu, très en colère, invective à quatre reprises ce peuple qui l’a trahi  en le traitant de : «am kshe oref » « peuple à la nuque roide ». Comme un parent qui rejette la faute sur l’autre parent, il dit à Moïse « ton peuple a détruit». Et depuis comme des enfants, nous sommes marqués du sceau de cette parole (un peu maladroite) du père. Nous avons du mal à nous défaire de cette appellation qui nous colle à la peau.

Dès que nous levons la tête et que nous semblons un peu trop surs de nous, voilà que cette image de la nuque raide revient. Cela figure en filigrane dans le discours célèbre du Général De Gaulle en novembre 1967 quelques mois après la guerre des 6 jours  merci google de m’avoir aidée à retrouver la phrase complète:  « les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : l’an prochain à Jérusalem »[1]. Ce discours d’il y a près de 50 ans, a profondément blessé les Juifs de France et a marqué le début de la dégradation des relations, jusqu’alors quasi idylliques, entre la France et Israël.

A l’époque alors qu’Israël était menacé de toutes parts, ce discours était assez maladroit.

Aujourd’hui le son de cloche, venu du laboratoire de recherche qu’est Israël, est un peu différent : cette invective (prophétique ?) n’est pas totalement dénouée de vérité.   Côté face : les nouvelles du progrès technologique et scientifique éblouissants à mettre au crédit d’Israël, démontrent comment l’intelligence et l’inspiration peuvent être mises au service d’un bien-être supérieur, celui de l’humanité. Côté pile : certaines décisions politiques étriquées prises à l’emporte-pièce, ne font que confirmer la fameuse attaque de am kshé oref peuple à la nuque roide.

C’est un travail d’équilibriste de ne pas se basculer du côté où nos talents sont utilisés à mauvais escient, gonflés d’ambition, d’ego et d’arrogance.

Construire notre sanctuaire intérieur est un travail quotidien, car au fond nous sommes des êtres perfectibles qui voulons en général faire le bien et réparer ce monde. La zerizut prisée par les rabbins consiste à s’occuper utilement leshem shamaïm au nom du divin qui nous dépasse. C’est cela se rapprocher de l’idéal biblique incarné par Bezalel, être à l’ombre de Dieu et agir à l’image de Dieu, Betzelem Elohim .

Puissions-nous avoir la sagesse de le faire.

Shabbat shalom

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