Rabbin Daniela Touati

Pirke Avot 5:16 : "Tout amour qui dépend de son objet, si l’objet disparaît, l’amour disparaît, Mais s’il ne dépend d’aucun objet, il ne cessera jamais."

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Shabbat Shuva – Vayelech, 14 Septembre 2018

Parole, parole…la parole comme véhicule du pardon.

Vous êtes-vous déjà demandé comment l’on vit quand on a été élevé dans le mensonge ? le mensonge par rapport à sa propre histoire et celle de son pays ? Ce sont les questions qui me sont venues à l’esprit en entendant le discours d’Emmanuel Macron hier, et sa reconnaissance au nom du gouvernement français de l’assassinat de Maurice Audin. Ce mathématicien, communiste et militant acharné de l’indépendance de l’Algérie, avait été arrêté chez lui à Alger, le 11 juin 1957 devant sa femme et ses trois enfants, dont un bébé d’un mois. Sa femme et ses enfants ne le reverront jamais. L’histoire officielle jusqu’à récemment parlait de sa fuite lors de sa détention et d’une mort accidentelle.  Sa veuve, s’est battue pendant 61 ans pour faire reconnaitre la vérité.

La reconnaissance hier par le président des français des actes de torture et d’assassinat commis par l’armée ou la police dans le cadre de la guerre d’Algérie est un pas historique.

Pour certains il est aussi important que le discours du Président Chirac au Vel d’hiv en 2005, reconnaissant la collaboration de Vichy dans l’assassinat d’environ 73000 juifs français pendant la deuxième guerre mondiale.

Quelle valeur a ce repentir 61 ans après ? Quel pouvoir ont ces mots du président ? Que peut-il réparer ?

Les premiers mots de la Torah parlent du pouvoir créateur des mots, c’est la parole qui aurait créé cet univers, c’est également elle qui peut le détruire.

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Roch HaChana 5779

La terre en cadeau

Savez-vous ce qu’est l’ « overview effect » ? C’est un concept qui a vu le jour il y a 30 ans attribué à Franck White qui a écrit un livre à ce sujet.

Cet effet a été ressenti par les premiers astronautes et cosmonautes qui en regardant de la lune notre planète bleue ont ressenti une immense émotion face à sa beauté, sa fragilité et son calme. Cela a transformé leur rapport à la terre… L’expression a été traduite en français par « l’effet de surplomb »,

Il y a deux ans, après de nombreuses années de recherche, et une collaboration fructueuse avec la Nasa, une nouvelle technologie a été mise au point par un physicien franco-israélien – Michaël Boccara et un mathématicien français – Jean Pierre Goux, tous deux anciens collègues d’école d’ingénieurs et amoureux de la Terre. Cette technologie permet à partir d’images collectées par un satellite de la Nasa, de créer un film où on voit la terre tourner sur elle-même. L’application Blue turn qu’ils ont lancée il y a un an et demi, c’est « l’overview effect » à la disposition de tous !

Mais pourquoi ce projet leur tenait tant à cœur ? Ces 2 amis, écologistes militants pensent qu’en alliant émotion et raison, il est possible de créer une prise de conscience et inciter un plus grand nombre de terriens à s’engager en faveur de la préservation de notre planète.

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Ki Tavo 31 août 2018

Vous avez surement tous entendu parler de cet épisode, un fait divers peu banal, concernant la pierre de quelques 100 kilos tombée au petit matin, le lendemain du 9 Av du Mur des Lamentations. Ce vieux mur de 2000 ans montrait donc des failles et où cela ? Juste au-dessus de l’esplanade de prière mixte utilisé par les libéraux et massortis du côté de l’arche de Robinson.

Certains, en l’occurrence l’adjoint au maire de Jérusalem Dov Kalmanovitch y ont vu un signe du courroux divin face à ces faux juifs, mécréants, c’est-à-dire nous ! Encore une fois…

D’autres ont répondu très justement, que si Dieu souhaitait nous faire signe et montrer sa désapprobation, il aurait pu choisir une heure plus tardive où justement, une de mes amies rabbins Valérie Stessin allait célébrer la bar mitsva d’un jeune de sa synagogue de Jérusalem. Arrivée très tôt sur les lieux, quelle ne fût pas sa surprise, et sa terreur. Elle a du trouver un autre emplacement pour la cérémonie…c’est d’ailleurs grâce à elle, que j’ai appris la nouvelle !

Le philosophe d’origine franco-marocaine, Ami Bouganim composa dans les jours qui suivirent un midrash à propos de cette chute.

Il imagina une convention de Sages, une sorte de Sanhédrin qui délibèrent sur ce qu’il convient de faire dans ce cas : faut-il mettre la pierre sous cloche et l’exposer au public ? Faut-il proférer des malédictions contre les libéraux ? Finalement les Sages se mettent à prier et disent même le kaddish sur cette pierre…Pierre qui selon le philosophe, incarne pour eux le verset : « car du mur la pierre crie et de la charpente le chevron répond »[1] ! Ce midrash qui mélange si bien réalité et absurde est plein d’humour, si vous souhaitez le lire en entier, voici le lien:

http://www.euromed.institute/post/chronique-de-jerusalem-la-larme-que-versa-le-mur-pour-protester-contre-les-prieres-melees

Quant à moi je me mis à imaginer un conseil des Pierres du Mur, des pierres qui parlent. Elles parlent et se plaignent, de qui ? De nous tous, qui nous affrontons autour de ce Mur… pour qui ? Pour quoi ? Pour des pierres plurimillénaires et plus fragiles qu’on ne le croit, qui risquent de nous tomber sur la figure. Ce mur qui devient objet de convoitise et de luttes fratricides, nous l’avons folklorisé à force de le sacraliser…bref nous l’avons bien abîmé et avons dénaturé sa fonction. Comment peut-il encore accueillir nos plaintes et nos prières ? Ce Mur pour lequel nous nous sommes tant languis et battus, ce Mur des Lamentations !

Pourquoi cette histoire de vieilles pierres ? Parce qu’elle illustre parfaitement le thème de notre paracha KI TAVO, où Moïse juste avant la traversée du Jourdain continue à sermonner son peuple. Il met le peuple en garde en déclinant une longue liste de bénédictions et malédictions qui pourraient s’abattre sur le peuple d’Israël s’il suit ou non les commandements. C’est cette théologie un peu naïve dite de la rétribution, qui a inspiré l’adjoint au maire de Jérusalem: la chute d’une pierre est le signe d’une punition divine !

Les pierres dans notre paracha ont une fonction spécifique, ou plutôt deux. D’une part il y a les pierres où sera gravée la Loi dans Deut 27 .

 

 

Deutéronome 27:2-3

(2) Et quand vous serez arrivés au delà du Jourdain, dans le pays que l’Éternel ton Dieu t’accorde, tu érigeras pour toi de grandes pierres, que tu enduiras de chaux; et tu y écriras toutes les paroles de cette Torah après ta traversée, pour mériter d’entrer dans le pays que l’Éternel ton Dieu te destine, pays ruisselant de lait et de miel, comme te l’a promis le Seigneur, le Dieu de tes ancêtres.

דברים כ״ז:ב׳-ג׳

(ב) וְהָיָ֗ה בַּיּוֹם֮ אֲשֶׁ֣ר תַּעַבְר֣וּ אֶת־הַיַּרְדֵּן֒ אֶל־הָאָ֕רֶץ אֲשֶׁר־יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ נֹתֵ֣ן לָ֑ךְ וַהֲקֵמֹתָ֤ לְךָ֙ אֲבָנִ֣ים גְּדֹל֔וֹת וְשַׂדְתָּ֥ אֹתָ֖ם בַּשִּֽׂיד׃ (ג) וְכָתַבְתָּ֣ עֲלֵיהֶ֗ן אֶֽת־כָּל־דִּבְרֵ֛י הַתּוֹרָ֥ה הַזֹּ֖את בְּעָבְרֶ֑ךָ לְמַ֡עַן אֲשֶׁר֩ תָּבֹ֨א אֶל־הָאָ֜רֶץ אֲ‍ֽשֶׁר־יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֣יךָ ׀ נֹתֵ֣ן לְךָ֗ אֶ֣רֶץ זָבַ֤ת חָלָב֙ וּדְבַ֔שׁ כַּאֲשֶׁ֥ר דִּבֶּ֛ר יְהוָ֥ה אֱלֹהֵֽי־אֲבֹתֶ֖יךָ לָֽךְ׃

 

Ainsi la Torah devra être gravée sur de la pierre enduite de chaux et érigée sur le mont Ebal pour être visible par tous. Imaginez la scène décrite dans notre paracha : d’un coté, 6 tribus proclament les bénédictions sur le Mont Gerizim et de l’autre, 6 leur font face en déclamant les malédictions sur le Mont Ebal.

Cette pierre enduite de chaux, véritable monument commémoratif sur lequel sont inscrits les commandements, s’appelle aussi une matzeva, écoutez comme cela sonne à l’oreille presque comme mitzva.

Cette pierre du souvenir ne devra surtout pas devenir une statue et nous faire trébucher vers l’idolâtrie, car voilà qu’on nous parle, au chapitre suivant, d’une deuxième sorte de pierres, celles de la malédiction !

 

 

Deutéronome 28:64

(64) Et l’Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre; et là tu serviras des dieux étrangers, jadis inconnus à toi comme à tes pères, faits de bois et de pierre.

 

דברים כ״ח:ס״ד

(סד) וֶהֱפִֽיצְךָ֤ יְהוָה֙ בְּכָל־הָ֣עַמִּ֔ים מִקְצֵ֥ה הָאָ֖רֶץ וְעַד־קְצֵ֣ה הָאָ֑רֶץ וְעָבַ֨דְתָּ שָּׁ֜ם אֱלֹהִ֣ים אֲחֵרִ֗ים אֲשֶׁ֧ר לֹא־יָדַ֛עְתָּ אַתָּ֥ה וַאֲבֹתֶ֖יךָ עֵ֥ץ וָאָֽבֶן׃

Ce sentier que nous devons emprunter chaque jour, où l’on nous commande d’ériger un monument de pierre mais pas une statue, est un sentier très étroit.

La pierre devient ainsi une belle métaphore de notre libre arbitre, du choix qui nous est donné et de ce qu’elle va représenter pour nous : avec elle, nous avons la possibilité de construire ou détruire ce que Dieu nous a confié.

Et me vient une image de ces pierres si banales et considérées sans valeur, voire comme une calamité, celles du désert qui elles aussi peuvent être totalement transfigurées, et se transformer à force d’effort, en terres cultivables, en champs de fleurs. Ce fût le cas dans le Neguev. Ce n’était pas de la magie, mais la vision d’un homme : Ben Gourion et le travail acharné de beaucoup d’autres qui croyaient en son rêve…faire fleurir Israël dans le désert.

Il me semble que la chute de la pierre du Mur est arrivée à point nommé ce lendemain du 9 Av, cette pierre rebelle, qui Dieu soit loué n’a pas fait de victimes, est venue nous crier sa vérité. Nous avons encore et toujours à lutter contre la tentation d’enfermer Dieu dans la pierre et de rigidifier le judaïsme.

La Torah est un fluide, comparée tantôt à de l’eau tantôt à du lait ou encore du miel, qui nous nourrit où que l’on soit et quel que soit notre forme de pratique. Et notre terre promise est celle où nous laissons couler en nous ce lait et ce miel…

Shabbat shalom

[1] Habakuk 2 :1

Un groupe de femmes dès la rentrée 2018!

groupe Roch Hodech Keren Or

Vous vous posez beaucoup de questions sur votre place en tant que femme dans la tradition juive ou tout simplement à la synagogue ? Pour trouver des réponses, nous vous proposons de rejoindre ce nouveau groupe de Rosh Hodesh.

Au cours de réunions mensuelles, nous aborderons ensemble des thèmes comme le leadership ou la sagesse féminine, l’alimentation, la sexualité et beaucoup d’autres en interrogeant les textes anciens et modernes de notre tradition.

La fête de la nouvelle lune[1]  ou Roch Hodech est une fête de la femme qui a été remise au goût du jour par les groupes féministes juifs partout dans le monde.

Un moment de rituel convivial, que nous élaborerons ensemble, précédera et clôturera nos rencontres.

Première session : mardi 9 octobre de 19h30 à 21h.

Dates suivantes : 9 octobre, 13 novembre, 11 décembre, 8 janvier, 5 février, 12 Mars, 16 avril, 7 mai.

Membres Keren Or : gratuit.

Non-membres : 80€ pour 8 sessions, possibilité de régler à la séance (12€).

Pour tout renseignement et inscriptiton, merci de contacter Daniela Touati daniela.touati@gmail.com

[1] Nombres 10 :10

Qui suis-je?

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Naître en Roumanie au milieu des années 1960 et avoir pour parents des survivants de la Shoah a été un tableau de départ parfois lourd à porter.

On ne choisit pas son lieu ni les circonstances de sa naissance.

Alors que j’étais encore enfant, mes parents ont choisi de faire leur Alya (montée en Israël) cette période m’a positivement marquée même si elle a été de courte durée.

C’est en France que ma famille a choisi de prendre racine. Arrivée à l’âge de 11 ans, j’ai étudié et travaillé dans le secteur du Commerce puis des Ressources Humaines, je me suis mariée avec un homme d’origine sépharade, pour mettre de la couleur et de la saveur à ce tableau. Nous avons eu deux enfants qui, devenus adultes, nous donnent beaucoup de joie.

En parallèle, j’ai découvert le judaïsme, ou plutôt une de ses branches, vieille de plus de 200 ans, qui m’a séduite, celle du libéralisme, terme qui a mauvaise presse en France…et pourtant. Qu’entend-on par Judaïsme libéral ? Ce n’est pas un gros mot, ni une voie de facilité, c’est au contraire une exigence : celle de concilier tradition et modernité et surtout celle qui met l’humanisme au centre : la femme et l’homme, quels que soient ses origines, son histoire, son orientation sexuelle, son degré de connaissance, de pratique et d’identification au judaïsme.

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Drash Yom Kippour 5778

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Le tohu bohu du monde m’a sauté à la figure en visionnant le film
« Djam » De Toni Gatlif. Ses images nous plongent dans ce qui
ressemble de loin à une montagne de déchets multicolores, en y
regardant de plus près, il s’agit de milliers de gilets de sauvetage
abandonnés. Ils jonchent le sol comme les vies sacrifiées de tous ces
hommes, femmes et enfants, venus se réfugier sur une île autrefois
paradisiaque. Depuis 2013, les migrants échouent sur une ile fantôme,
Lesbos, elle-même victime de l’abîme de la crise grecque.

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paracha Ki Tavo 

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Cet été je suis retournée à Haïfa à la recherche de ma « madeleine de Proust » ou plutôt des « borekas de Haïfa ». Mon but en retournant à l’endroit où j’avais vécu pendant près de quatre ans était officiellement l’étude de l’hébreu et du talmud mais officieusement je souhaitais renouer avec ma toute petite famille si éloignée.

J’ai vécu trois semaines avec les cousins germains de mon père, et me suis familiarisée avec leurs habitudes et leur emploi du temps. A 80 ans passés ils se demandaient ce qui resterait d’eux après leur départ de ce monde, ce qu’ils avaient réussi à transmettre à leurs 2 filles et 7 petits enfants. Ma tante tenait un journal des événements les plus marquants de sa vie, ceux que personne n’avait osé lui demander de raconter, en espérant qu’à un moment cela intéressera quelqu’un dans la famille… j’étais la première à écouter ses mémoires, chaque moment passé ensemble était imprégné de nostalgie.

Elle était très inquiète de ce qu’allait advenir de sa bibliothèque. On peut y trouver au moins un millier de livres en 5 langues différentes : roumain, français, anglais, allemand et hébreu,.

Il n’est pas facile d’abandonner ce qu’on considère comme un riche patrimoine culturel.

La question de la transmission à la génération suivante et du lâcher-prise m’a taraudée tout l’été. Cette dualité dans laquelle sont enfermés les deux générations : ceux qui “donnent” sont inquiets que ce pourquoi ils ont vécu ne leur survivra pas et ne sera pas utile aux générations futures. Ceux qui « reçoivent” se sentent coupables car incapables de prendre soin de ce patrimoine.

Cette bibliothèque comprenait essentiellement des romans ou livres politiques, parfois démodés, alors que d’autres livres classiques peuvent être stockés plus facilement en ligne.

La transmission des livres est un sujet délicat, la jeune génération peut avoir l’impression étrange de piétiner le patrimoine spirituel de leurs ainés. Les Juifs et les livres chacun le sait, c’est une véritable histoire d’amour. Nous honorons les livres comme nous honorons nos ainés. Mais plus de 2000 ans de tradition ont donné lieu à une immense quantité de livres. La manière dont nous nous comportons avec les livres est une métaphore de la manière dont nous nous comportons avec la tradition.

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Paracha Bamidbar

Il y a quelques jours à la bibliothèque du Leo baeck je suis tombée sur un document assez rare, l’almanach de Haaretz de l’année 1949/1950 . On pouvait y trouver des articles très intéressants sur les affaires étrangères et intérieuresd u tout jeune état,  des poèmes magnifiques, des publicités modernes qui nous semblent tellement vintage auj., mais aussi de nombreuses statistiques. Israël n’avait qu’un an d’existence, mais la population s’élevait déjà à 553 985 juifs (les arabes n’étaiens pas mentionnés ! ) et ces statistiques avaient commencé dès 1919.

En 1947 41% des olim viennent de Russie et de Pologne comme les années précédentes d’ailleurs mais en 1948 la tendance change et exactement la même proportion- 41% – arrivent des Balkans (la plupart de Roumanie ) et le groupe de Russes et polonais ne représenté plus que 36%.

En cette période d’après-guerre, alors que 2/3 des Juifs d’Europe avaient été décimés par la Shoah, il était essentiel pour les nouveaux israéliens que la population croisse rapidement pour atteindre un nombre significatif de Juifs vivant à l’intérieur de leur nouvel état. Ceci pour confirmer s’il le fallait encore, que les Juifs avaient besoin de leur propre état.

Recenser des données sur la population juive est un éternel sujet de préoccupation que nous mettons souvent à l‘avant de nos préoccupations. La plupart du temps, on se compte pour se distraire de son anxiété, parfois c’est aussi une source de satisfaction et de joie.  Nous comptons combien de juifs vivent en France, combien à Lyon et sa région, combien appartiennent à la synagogue libérale ici ou ailleurs, et quelle part nous représentons dans le judaïsme global.

Le livre Bamidbar – dans le Désert, que nous commençons à lire ce Shabbat parle beaucoup de chiffres, d’où la traduction de son nom en français et en d’autres langues par le mot Nombres etc.. Selon l’anthropologue Mary Douglas dans son livre « l’héritage des fils de Jacob » le but est de nous transmettre la “doctrine de l’unité des enfants d’Israël” et « de nous alerter sur le risque de sécession”. Il apparait que depuis l’époque biblique jusqu’à nos jours, c’est le plus grand danger qui menace Israël (en tant que peuple et en tant qu’état à présent). C’est la raison pour laquelle tant de passages sont dédiés au dénombrement des enfants d’Israël.

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Drash Yom Kippour 5777

Une photo en noir et blanc, dessus figure une main géante dont on distingue clairement les lignes de vie et la paume douillette. Posé sur cette main, un homme entre deux âges, petit, de dos, les épaules lasses. Il porte un chapeau, et tient une vieille valise dans une main et un imper dans l’autre. Même sans distinguer son visage, on l’imagine : un peu gris, terne et triste …

L’art visuel a le pouvoir de provoquer une émotion instantanée qu’il n’est pas facile de traduire en mots. Une amie artiste plasticienne, Lena Fisher originaire de Riga, qui vit à présent à Jérusalem, utilise pour ses œuvres des objets ou personnages miniatures. C’est l’une d’entre elles que je viens de vous décrire.

Cette photo m’a beaucoup émue, car en un instant a surgi l’image emblématique du Juif errant avec sa valise à la main jeté sur les routes de l’exil, ou de sa liberté. Du départ volontaire d’Abraham lorsqu’il est sommé par Dieu d’aller vers lui avec un solennel « lekh lekha », jusqu’à un Stefan Zweig dans le dernier film « Adieu l’Europe ». C’est un motif que nous connaissons bien et qui résonne fortement avec ma propre histoire familiale.

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Paracha Ki Tetze

« Ki tetze la milhama al oyvekha » « quand tu partiras pour faire la guerre sur/contre tes ennemis». Ainsi commence la paracha de cette semaine.

Les versets qui suivent nous parlent de ce qu’il convient de faire lorsqu’un combattant prend une femme comme otage de  guerre pour l’épouser.  Cette histoire est connue sous le nom de Eshet Ifat Toar la femme de belle allure pour laquelle le soldat a un désir irrepressible (חשק).

« Si tu vois dans cette prise de guerre, une femme de belle figure qu’elle t’attire et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l’amèneras d’abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras la posséder et elle sera ton épouse ». (Deut. 21 :10-14)…C’est un curieux descriptif qui vous l’imaginez a suscité beaucoup de commentaires et de questions.

La paracha Ki Tetze, est aussi celle qui contient le plus grand nombre de commandements. Ceux, assez dérangeants, concernant la femme captive ne sont qu’une petite partie d’entre eux. Nous y reviendrons.

Il n’y a pas moins de 72 commandements positifs ou négatifs dans ki tetze.

Un midrash qui apparait dans Devarim Rabbah 6,3 compare les mitsvot à « un chapelet de grâce autour de la tête » (Proverbes 1 :9). Le midrash explique que pour chaque acte banal de la vie quotidienne le fait de le relier à un commandement positif comme l’obligation de construire un parapet sur le toit (Deut 22 :8) ou négatif comme l’interdiction de faire labourer un bœuf et un âne ensemble (Deut 22 :10 ) ont une raison d’être (au dela de leur aspect éthique evident dasn ces 2 cas). Celle d’accompagner chaque acte de notre vie d’actes pieux » nous dit le midrash ce qui «élève nos actes quotidiens au niveau du service divin ».

Mais comment nous relier à ces mitsvot lorsqu’elles sont dérangeantes et sont injustes ? En tant qu’êtres essentiellement rationnels, nous cherchons à trouver du sens et une logique dans leur contenu et la manière dont ces lois s’appliquent ou non aujourd’hui.

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